Comment résister aux pièges décisionnels et éviter de se manipuler tout seul

Temps de lecture : 3 minutes

 

Cet article complète celui sur les pièges de la décision, dans lequel étaient exposés les différents pièges psychologiques qui guettent l’être humain, représentant certains paradoxes comportementaux assez pernicieux. N’hésitez pas à le lire avant celui-ci, il vous donnera des exemples concrets, qui éclaireront les messages présentés ici.

Pour plus de détails sur ces exemples et concepts, je vous renvoie à l’excellent l’ouvrage de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens. 

Pour mémoire, ces pièges de la décision correspondent à : la dépense gâchée (nous avons tendance à persister dans une voie qui a nécessité un fort investissement, même si cela s’avère finalement contre-productif), le piège abscons (attitude qui consiste à investir du temps et des moyens dans un processus qui ne s’arrête jamais), ou l’escalade de l’engagement (les décisions successives vont naturellement dans le sens d’une première décision prise, même si elle s’avère finalement mauvaise).

Dans cet article, il sera question des attitudes à adopter pour éviter ces déconvenues. 

En effet, il est assez courant d’imaginer que ce type de piège s’évite facilement. D’une part, les exemples paraissent caricaturaux et évidents. D’autre part, il existe une tendance à se surestimer par rapport aux autres et à leurs modes de pensée. Or, il s’agit bien de pièges décisionnels, qui n’épargnent personne.

Pour éviter donc de se laisser enfermer dans un processus décisionnel catastrophique ou dangereux, il est donc nécessaire d’adopter un certain nombre d’attitudes. Et de façon permanente car le danger ne préviendra pas.

 

Apprendre à revenir sur une décision

Il est souvent difficile de décider, alors revenir sur une décision prise est encore plus compliqué. En effet, nous préférons éviter de dévoiler la marque d’une indécision ou d’un manque de cohérence, qui ne sont généralement pas vus positivement. 

Cependant, s’entêter dans une mauvaise voie est encore pire. Au delà du biais cognitif déjà expliqué, cet entêtement peut s’avérer dangereux. Et nos collaborateurs, simples observateur du drame qui se met en place, s’enfoncent petit à petit dans un doute interrogateur… et seront reconnaissants de notre capacité à remettre la décision sur l’ouvrage. Si les choses se présentent bien, tout le monde comprendra qu’il vaut mieux faire machine arrière que courir à la catastrophe, notamment dans le cas d’un piège abscons. 

Les décision financières appartiennent souvent à ce type de piège. Car après avoir étudié longuement un investissement et établit des liens de confiance avec les personnes impliquées, il est souvent difficile de stopper la machine et extraire la dimension émotionnelle d’une telle décision pour ne garder que la froide objectivité des faits. 

 

 

Considérer deux décision successives comme indépendantes

Comme expliqué précédemment, décider est difficile : c’est aussi la raison pour laquelle les décideurs sont généralement mieux payés que les autres. Ils doivent se mouiller et mouiller tout le monde.

De plus, la véritable plus-value (et toute la difficulté) du décideur s’exprime lorsque les éléments n’orientent pas clairement vers une voie évidente à prendre. Il peut souvent être considéré que 80 % des décisions à prendre sont évidentes. S’il existe une bonne communication entre les collaborateurs, et que leurs qualités et leurs personnalités sont bien cernées, il se crée naturellement un processus de remontée d’information fiable et régulier. Les coups fourrés et les zones d’ombre à éclaircir se dévoileront aisément. Dans ce cas, la plupart des éléments importants seront posés sur la table et la décision n’en sera que plus facile, même si elle est parfois désagréable.

Le plus délicat reste quand rien ne permet de clairement extraire la décision évidente, et quand il existe un risque, et surtout un risque si rien n’est décidé. Ce que nous dit ce conseil est qu’il faut éviter de prendre en compte les décisions précédentes liées au même sujet. Considérer des décisions successives comme indépendantes est indispensable pour se détacher d’une certaine habitude ou paresse intellectuelle, parfois dangereuse, et qui s’installe progressivement en vérité.

 

Eviter de surestimer sa propre liberté

Nous finissons par le plus difficile car cette attitude touche directement l’ego, un moteurs très puissant. 

Les biais présentés dans l’article précédent existent réellement et se manifestent très souvent. Ces sont des cas classiques de la psychologie sociale. Le savoir est un bon début mais ce n’est pas un vaccin universel. Nous n’avons pas toujours la connaissance ou la perception de l’ensemble des éléments qui influent une situation. D’autre part certains enchaînements d’événements perturbent notre libre arbitre. Des personnes proches vont nous influencer émotionnellement, et nos décisions antérieures nous orienteront vers des choix qui ne seront peut-être pas les meilleurs. 

En bref, l’humilité est une grande qualité à cultiver. Beaucoup plus que la propension à se considérer comme un mâle ou une femelle alpha infaillible. Nos équipes nous en seront toujours reconnaissantes. Faire preuve ainsi d’humanité n’est pas une mauvaise chose. Il faut bien sûr se montrer solide et inflexible quand la décision a été prise. Mais cela n’empêche nullement de bien peser tous les arguments et impliquer le plus grand nombre de personnes dans l’étape précédente de définition des choix.

En résumé, il est nécessaire de faire preuve d’ouverture et de critique pour les décisions prises précédemment. Douter des habitudes est une approche saine, elles peuvent mener vers une fainéantise intellectuelle dangereuse. En effet, les habitudes se transforment souvent en dogme qui devient l’unique façon de faire sans que personne ne se souvienne plus pourquoi. Enfin, l’humilité et la remise en cause n’est pas une faiblesse (attention, il faut quand même assurer une certaine stabilité de direction, la révolution permanente n’a pas mené qu’à des réussites).

 

J’espère que cet article vous aura plu. N’hésitez pas à commenter et partager avec ceux ou celles qui pourraient être intéressés.

Merci encore de faire partie de nos lecteurs et à très bientôt !

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