L’expérience de Milgram (1/2) ou l’inquiétante influence de l’autorité sur les individus

Temps de lecture : 3 minutes

L’expérience de Milgram est très connue en psychologie sociale, elle montre l’influence d’une autorité reconnue sur une personne quelconque. Si vous ne la connaissez pas, profitez de la découvrir ci-dessous, et n’hésitez pas à regarder le film « I comme Icare » qui la met en scène (un film pas tout jeune, mais dont le scénario est quand même plus construit que celui des derniers Star Wars). Et si vous voulez aller un peu plus loin dans le décryptage psychologique de l’expérience, rendez-vous ici (car l’influence de l’autorité n’explique pas tout …).

Cette expérience a été reproduite plusieurs fois, dans d’autres environnements culturels et à d’autres époques, avec des résultats toujours très proches. Elle a ouvert aussi la voie à de nombreux tests similaires, notamment sur la capacité des êtres humains à entrer dans un rôle ou à nuire à leur prochain dans des contextes bien particulier (voir l’expérience de Zimbardo par exemple).

Cette expérience majeure, nous la devons à Staley Milgram, qui juste après la seconde guerre mondiale dans le contexte effroyable de la découverte des camps de concentration, décide de tester la résistance ou la facilité d’une personne quelconque à se soumettre à une autorité supérieure, même un parfait inconnu.

Avant de décrire le procédé, il faut savoir que ce type d’expérience peut heurter d’un point de vue moral, d’une part car elle peut être considérée comme de la manipulation, et d’autre part, car l’expérience se passe manifestement du consentement du sujet observé (c’est d’ailleurs le but). Ces débats débordent du cadre de cet article, mais il faut savoir que ces questions d’éthique et de moralité sont primordiales dans ce type d’expérience.

L’expérience :

Elle est très bien présentée dans le film « I comme Icare » dont vous trouverez un extrait sous le lien suivant, que je vous recommande.

En résumé, il est proposé à une personne volontaire (le sujet A) de participer à une expérience scientifique consistant à étudier les effets de stimulus électrique sur la capacité mémorielle. Un autre individu B (volontaire aussi) est assis dans une sorte de chaise électrique, et a pour consigne de retenir un certain nombre de mots qui lui sont dictés par A. Quand l’individu B se trompe, A doit lui administrer un choc électrique, de plus en plus fort à chaque mauvaise réponse. Les chocs sont graduels jusqu’à 450V (quand même !). Le but apparent est de savoir si le fait d’administrer des chocs électriques améliore les capacités de mémorisation de B. Enfin, toute l’expérience est réalisée sous la supervision d’un expérimentateur en blouse blanche jouant un rôle d’autorité.

Dans l’extrait du film, on peut voir qu’à mesure que la liste de mots s’allonge, B se trompe de plus en plus. La personne A lui administre alors des chocs électriques de plus en plus forts, ce qui évidemment ne l’aide pas à mieux se concentrer !

Ce qui n’est pas dit aux participants …

En fait, le véritable test ne porte pas sur la mémoire de B (complice de l’expérience, il simule les électrocutions), mais sur la capacité de A à infliger une douleur croissante à une personne qu’il ne connaît pas, et à décharger sa responsabilité morale sur l’autorité à laquelle il se soumet (celle de l’expérimentateur en blouse blanche).

Le film présente notamment cette « soumission à l’autorité » dans les échanges entre A et le responsable de l’expérience (en blouse blanche), lorsque la douleur de B parait insupportable et que l’expérience semble clairement dériver vers une séance de torture aussi inutile qu’absurde :

Sujet A : … il ne va pas bien du tout, ça risque de mal tourner !

Autorité : Je prends sur moi toute la responsabilité.

Sujet A : … si vous prenez la responsabilité … [alors je continue] (sous-entendu, dans ce cas, ce ne sera pas de ma faute).

C’est difficile à croire, la répétition de l’expérience de nombreuses fois (dont une série réalisée exclusivement avec des femmes) et dans des pays et des lieux différents montre que 65% des sujets administrent la dose maximale (soit 450V) ! Et la quasi-totalité des personnes jusqu’à 300V !

Les sujets A étaient bien entendu toujours mal à l’aise et beaucoup ont demandé de stopper l’expérience, mais lorsque l’autorité leur demandait de continuer, ils obéissaient.

Et donc ?

En bref, les deux-tiers des personnes se déchargent totalement de leur responsabilité, et peuvent infliger une souffrance mortelle à un parfait inconnu sur le seul commandement d’un individu présenté comme autorité supérieure. C’est énorme et malheureusement réaliste comme nous le montrent les faits historiques (notamment les guerres), et même si nous sommes en droit d’en douter fortement, il est fort probable que beaucoup d’entre nous fassions partie de ces 65% !

Mais nous a t-on bien tout dit ?

Ici s’arrête la description la plus simple de l’expérience de Milgram. Cependant, pour être totalement objectif sur le contenu psychologique de cet expérience, il est nécessaire de pousser un peu plus loin l’analyse des mécanismes en jeu. Car les actions préparatoires, pour le sujet A, ont tout autant d’importance que la phase principale de l’expérience. Pour savoir de quoi il s’agit, rendez-vous ici.

J’espère que cet article vous aura plu. N’hésitez pas à commenter et partager avec ceux ou celles qui pourraient être intéressés.

Merci encore de faire partie de nos lecteurs et à très bientôt !

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